Quand nos émotions débordent… – Se préserver

1ère partie : Prendre soin de soi au quotidien


Métaphore de Philippe Aïm

Les consignes de sécurité des avions sont bien faites ! En cas de dépressurisation, elles expliquent de mettre en priorité notre masque à oxygène, avant de chercher à aider les autres (notre enfant par exemple). En effet, si l’oxygène nous manque, nous contrôlerons très mal nos gestes, risquons de mal positionner le masque de l’enfant, et ne même plus pouvoir mettre le nôtre. L’issue serait donc fatale pour les deux. Alors que si nous prenons le temps de mettre notre masque, nous respirerons correctement pour rapidement mettre celui de l’enfant ensuite.

Il en va de même pour la bienveillance : il est quasiment impossible d’être bienveillant avec les autres si l’on ne l’est pas avec nous-même. Il est donc essentiel de prendre soin de nous-mêmes pour pouvoir prendre soin des personnes que nous côtoyons personnellement et professionnellement.

Cette métaphore vaut bien évidemment pour notre relation avec les enfants. Nous pouvons être fatigués, stressés, préoccupés, en colère, etc. pour des raisons totalement indépendantes de l’enfant. Si nous ne les évacuons pas d’une façon ou d’une autre, nous allons vivre telle une cocotte-minute sous pression : nos tensions vont se cumuler, mettre à mal notre résistance nerveuse et notre patience jusqu’au moment de l’explosion. Bien souvent, même si l’enfant n’est pas responsable de toutes ces tensions, c’est son comportement qui va provoquer involontairement l’explosion. Nous allons donc évacuer notre « trop plein » grâce à lui, mais aussi malheureusement contre lui.

Au quotidien, il peut donc être important de :

    • nous soucier de nos propres émotions: chaque émotion est utile, même celles qui nous sont désagréables. Chercher à les étouffer ne fera que les reporter sur autre chose,
    • essayer de nous défaire de la notion de pouvoir dans la relation : l’enfant cherche souvent par son comportement à affirmer son identité. Plus l’adulte cherchera à se faire obéir, plus l’enfant cherchera à affirmer sa personnalité, et c’est l’escalade des cris. Même avec les tout-petits, il est possible de trouver des solutions « gagnant-gagnant » (des alternatives sont données dans « Parler pour que les enfants écoutent… » d’A. Faber et E. Mazlish),
    • savoir prendre du temps pour nous, sans enfants ni conjoint : loisirs à l’extérieur, sorties entre amis, etc. Et même en restant à la maison : lire un livre, se faire un auto-massage, une séance de méditation, etc.,
    • avoir notre quota de sommeil. Ce n’est pas toujours facile avec de jeunes enfants, mais le manque de sommeil est en lien direct avec la gestion des émotions,
    • avoir des moyens pour dépenser l’énergie et les tensions stockées au quotidien : sport, faire le ménage, faire soi-même une pâte à tarte pour la malaxer (la pâte à modeler et la pâte à sel fonctionnent également pour les adultes !),
    • nous poser la question de ce qui est important et essayer de lâcher prise sur ce qui ne l’est pas vraiment. Certaines questions peuvent aider à cela « est-ce que je veux avoir raison ou être heureux ? », « est-ce que dans 5 ans ce sera important ? » ou encore « est-ce que le problème m’appartient réellement ? »,
    • afficher des œuvres et des photos des enfants et de moments heureux en famille dans la maison : au moment des crises, notre regard peut tomber dessus à tout moment. Cette piqûre de rappel de tout l’amour que l’on porte à nos enfants peut aider à apaiser notre colère,
    • favoriser la communication avec l’autre parent: pouvoir parler avec l’autre de nos émotions, de nos difficultés, de nos limites aide à mieux nous sentir, mais aussi aide l’autre à mieux cerner le moment où il doit prendre le relai. Cela peut également valoir pour nos propres parents, des voisins, amis, ou toute autre personne susceptible de prendre le relai.

Vous pouvez ajouter à cette liste tout ce qui vous plaira. Car n’oublions pas : tout ce qui nous fait du bien fait également du bien à notre entourage ! Ou comment l’égoïsme sert finalement l’altruisme 😉

Mise en garde : ces outils ne sont pas des recettes miracles ! Même si vous vous appliquez à tous les mettre en place, il est possible de craquer. Être parent est une aventure très éprouvante ! Nous avons tous des émotions qui s’expriment, surtout lorsque l’on a atteint nos limites. Inutile de vous auto-flageller car c’est tout à fait NORMAL ! Jusqu’à preuve du contraire, nous sommes des êtres humains, non ?

Je vous invite donc à lire cet article sur la gestion des crises. (à venir)